La santé mentale en entreprise : un enjeu stratégique incontournable en 2025

Dans le paysage professionnel actuel, la santé mentale des salariés s’impose comme une préoccupation majeure, bien au-delà d’une simple tendance passagère. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près d’un tiers des employés du secteur privé confient traverser des périodes de fragilité psychologique. Ce constat, loin d’être anodin, a des répercussions directes sur les organisations, qu’il s’agisse d’une hausse de l’absentéisme ou d’une baisse de la productivité. En tant que psychologue du travail, je souhaite mettre en lumière cet enjeu stratégique et les pistes concrètes pour y répondre.

Qui sont les plus concernés ?

Certaines populations semblent particulièrement vulnérables face à cette montée des tensions psychologiques. Les managers, par exemple, sont en première ligne : près de 60 % d’entre eux se disent épuisés, et la moitié rapporte un stress intense. Leur position, souvent perçue comme un pivot dans les entreprises, les expose à une pression constante, entre objectifs à atteindre et équipes à soutenir. Les jeunes, quant à eux, ne sont pas épargnés. Confrontés à un marché du travail incertain, à des exigences toujours plus fortes et, pour beaucoup, à des difficultés financières ou à un isolement social, ils peinent à trouver un équilibre. Enfin, les aidants et les parents isolés, qui jonglent entre responsabilités professionnelles et familiales, sont plus de 50 % à déclarer des niveaux de stress élevés. Ces groupes illustrent une réalité : la santé mentale ne frappe pas uniformément, mais elle touche des profils variés, chacun avec ses défis propres.

Des conséquences lourdes pour les individus et les entreprises

Les impacts de cette dégradation sont multiples et profonds. D’abord, l’absentéisme explose : un quart des arrêts de travail de plus d’un mois trouvent leur origine dans des troubles psychologiques, faisant de ces motifs la principale cause d’absence prolongée. Ensuite, la santé des salariés eux-mêmes est en jeu. On observe une augmentation préoccupante de la consommation de somnifères ou d’anxiolytiques, notamment chez les managers, avec des effets collatéraux sur leur attention, leur capacité à décider et leur efficacité professionnelle. Enfin, les entreprises ne sortent pas indemnes : le désengagement et le présentéisme – ce phénomène où l’on est physiquement présent mais mentalement absent – altèrent la qualité du travail et fragilisent le climat au sein des équipes.

Pourquoi une approche globale est-elle nécessaire ?

Face à cette situation, se limiter à la gestion des risques psychosociaux ne suffit plus. Il est temps d’adopter une vision plus large, qui s’attaque aux racines du problème. Les facteurs de risque professionnels – surcharge de travail, manque de reconnaissance, ou encore déséquilibre entre vie personnelle et professionnelle – doivent être identifiés et traités. Mais cela ne s’arrête pas là : les entreprises ont aussi un rôle à jouer pour accompagner les salariés en difficulté, en leur offrant des ressources adaptées et un soutien concret.

Une stratégie intégrée pour l’avenir

Intégrer la santé mentale dans les politiques de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) n’est pas seulement une question de bien-être ; c’est aussi un levier de performance. Les organisations qui investissent dans ce domaine en sortent gagnantes. Comment ? En formant les managers à repérer les signaux de détresse et à gérer le stress, en sensibilisant les équipes à des pratiques favorisant l’équilibre (comme une bonne hygiène de sommeil, une alimentation saine ou une activité physique régulière), ou encore en mettant en place des plans d’action combinant prévention et intervention. Les salariés, de leur côté, ne demandent qu’à être mieux accompagnés sur ces enjeux qui touchent à leur quotidien.

Un appel à l’action collective

La santé mentale au travail n’est pas une option, mais une priorité stratégique. En tant que psychologue du travail, je suis convaincue que nous pouvons, ensemble, transformer cette problématique en opportunité. Soutenir les collaborateurs, c’est renforcer les entreprises elles-mêmes. Faisons de 2025 l’année où la santé mentale trouve pleinement sa place dans nos stratégies professionnelles, pour le bien-être de tous et la performance collective.